DESCRIPTIF DES DEUX RACCORDEMENTS

 

Le raccordement de Dinozé

Le premier raccordement direct baptisé "raccordement de Dinozé" et qui ne concernait à l'origine que les trains du sens Remiremont-Aillevillers, a donc pris la forme d'une voie unique embranchée à la ligne Remiremont-Epinal entre Arches et le village de Le Quéquement. Ce raccordement enjambait à l'époque la D157 au moyen d'un pont-rail supprimé en 1959 dont on peut néanmoins deviner son emplacement car la route effectue un "S" sans raison apparente. La plate-forme prenait ensuite de la hauteur en s'appuyant sur les reliefs du massif pour se rapprocher de la ligne d'Aillevillers, les rampes n'exédant pas 10 pour mille. La voie franchissait ensuite quatres kilomètres plus loin la petite vallée de la route d'Hadol par l'important viaduc de la Taverne long de 191m construit en grès rose caractéristique des Vosges avant de se raccorder à la ligne Epinal-Aillevillers.

Plan détaillé du long raccordement de Dinozé long de 4,110km qui permettait de joindre la ligne de Remiremont à celle d'Aillevillers sans cisaillement au moyen d'un tracé intéressant.

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Le raccordement de Saint-Laurent

Pour les trains directs de sens contraire Aillevillers-Remiremont, le génie va construire un deuxième raccordement très spécial appelé aussi "raccordement de Bertraménil" ou "boucle de Bertraménil", ceci afin de ne pas cisailler les voies principales de la ligne Epinal-Aillevillers. Celui-ci démarrait une dizaine de mètres avant les appareils de voie de l'actuelle bifurcation de Bertraménil côté Aillevillers et longait en direction d'Epinal le tronc commun des deux lignes vosgiennes sur environ 300m tout en s'éloignant de la plate-forme. La voie unique effectuait ensuite une boucle de plus de 180° en passant sous la première arche du viaduc de Bertraménil et s'enroulait ensuite autour de la colline sur lequel s'appuit le viaduc de manière à repartir dans le sens opposé, puis se rapprochait du remblais de la voie ferrée toute proche pour se raccorder plus loin à la ligne de Remiremont. Ce raccordement n'était emprunté à l'origine que par les trains du sens Aillevillers-Remiremont. La rampe maximale adoptée sur cette boucle était plus forte que sur le raccordement de Dinozé avec un taux de 14 pour mille.

Plan détaillé du raccordement de Saint-Laurent long de 2,104km appelé également raccordement de Bertraménil qui effectuait une boucle complète sous le viaduc de Bertraménil. On voit bien la bifurcation de Bertraménil où se séparent les lignes principales à double-voie se dirigeant vers Aillevillers et Remiremont.

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Une exploitation très brève

Ces travaux fort coûteux ne vont finalement servir que très peu dans les années qui suivirent leur mise en service. Seuls quelques rares trains de permissionnaires vont emprunter en 1939 de manière éphémère ces raccordements. C'est à la veille de la deuxième guerre mondiale que la lente agonie de ces raccordements commence.
En juin 1940, pour protéger la retraite des troupe françaises en débacle, le génie fait sauter les arches centrales du magnifique viaduc de la Taverne. Le 11 juin 1940, les Allemands vont à leur tour bombarder le viaduc de Bertraménil au cours de leur offensive de manière à couper tous liens ferroviaires aux troupes françaises dans ce secteur. Les Allemands vont néanmoins reconstruire le viaduc provisoirement en voie unique avant que les Américains ne le prennent encore une fois pour cible en 1944.
A la libération, les Américains le reconstruisent pour la troisième fois, mais provisoirement, grâce à une technique inédite et fort intéressante. Afin de gagner du temps et éviter surtout la reconstruction d'un ouvrage important, les Américains procèdent au remblaiement du fond de la vallée de manière à permettre la construction de piliers moins hauts qui perdirent ainsi presque un tier de leur hauteur par rapport à leur situation d'origine. Ce n'est qu'en 1948 que l'ouvrage fut reconstruit définitivement à l'image de ce qu'il est aujourd'hui (il aura été reconstruit en tout et pour tout 4 fois).
Des deux raccordements stratégiques, seul celui de Saint-Laurent beaucoup moins endommagé que celui de Dinozé fut remis en service après la libération, mais cette fois-ci à double sens et c'est en 1959 que la voie fut finalement déposée et les infrastructures abandonnées. Comme la situation politique et militaire entre la France et l'Allemagne s'est désormais normalisée depuis, le maintien en service de ces raccordements stratégiques ne se justifiait plus.

Que reste-il aujourd'hui?

Détails des profils en long des deux raccordements stratégiques de Dinozé et de Saint-Laurent avec leurs caractéristiques. Ces schémas figurent dans les anciens fascicules de la SNCF de l'époque. On voit bien la manière dont sont imbriqués les raccordements par rapport aux voies principales des lignes d'Aillevillers et de Remiremont.

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* La plate-forme ainsi que les ouvrages d'art du raccordement de Bertraménil sont toujours visibles et peuvent-être parcourus sur une bonne partie du tracé rendu accessible pour les promeneurs. Seul le début de la boucle situé entre la bifurcation de Bertraménil et l'accès au premier passage supérieur reste inaccessible.
* Concernant le raccordement de Dinozé, il ne subsiste de nos jours que la plate-forme en partie envahie par la végétation et les deux parties intactes du superbe viaduc en grès rose de la route d'Hadol. C'est à coup sur la pièce maîtresse de ce qu'il reste de ce tronçon. Le départ de la plate-forme côté Remiremont est assez difficile à matérialiser depuis la suppression en 1959 du pont-rail qui était devenu dangereux pour la circulation routière, mais son emplacement se devine facilement car la route effectue un "S" sans raison apparente si on ne connait pas l'histoire de ce raccordement.

A noter que les habitants de la commune de Saint-Laurent ont accompli un travail remarquable en déboisant une grande partie de la plate-forme de l'ancien raccordement de Saint-Laurent, un excellent moyen pour les promeneurs d'aller découvrir les vestiges tous proches de ces deux raccordements.
Depuis la fermeture et l'abandon du tronçon initial Aillevillers-Port d'Atelier qui permettait de rejoindre Vesoul, seule la ligne Epinal-Aillevillers-Lure ouverte plus tard est encore exploitée. Pour plus d'informations sur la ligne Aillevillers-Port d'Atelier, je vous invite à consulter le lien suivant: http://ferrovi-est.ifrance.com/ à la page Les rétrospectives - ligne de Port d'Atelier à Aillevillers.

 

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